Cette série s’inscrit dans la continuité de mes derniers travaux d’étudiant aux Beaux-arts. Ici, j’explore les différentes infrastructures d’une cimenterie, pilier industriel de notre ère qui façonne inlassablement la matière. Derrière ces architectures massives, se cache une machinerie en perpétuel mouvement, un système dont les rouages tournent sans relâche, animant un cycle de production continu. Pourtant, malgré cette activité mécanique sous-jacente, les lieux semblent étrangement vides, comme désertés.
L’absence de présence humaine renforce l’impression d’un site autonome, régi par sa propre logique. Ces structures industrielles paraissent fonctionner en vase clos, comme si elles poursuivaient leur tâche indépendamment. On ne sait plus si l’on contemple une usine toujours en activité ou les vestiges d’un monde où la machine aurait survécu à l’homme. Sous cette forme inhabitée, la cimenterie devient un espace où la technique semble parler un langage propre, un réseau de formes agencées qui évoque ce que Roger Caillois appelait un « champ de signes » 1.
Un contraste entre l’ampleur des installations et leur silence apparent confère aux images une atmosphère singulière, entre documentaire et fiction. Cette tension est d’autant plus forte que la cimenterie photographiée est aujourd’hui vouée à fermer ses portes, émettant une quantité de CO2 trop élevée. L’usine devient alors le témoin d’un lent effacement, à la frontière du monde productif et de son abandon.
1. Roger Caillois, Le Champ des signes : Récurrences dérobées, aperçu sur l’unité et la continuité du monde physique, intellectuel et imaginaire, ou premiers éléments d’une poétique généralisée, Hermann, 1978
2024 / Photographie numérique (Nikon D850) / Dimensions variables








